Mes envies de la sobriété....notamment en électronique et informatique....ma lettre au père Noël

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De quoi parle-t-on?

Cela fait plusieurs années, que je m’informe, et, étudie, avec soin, les questions climatiques, de pollutions engendrées par les technologies numériques, l’impact sur le vivant, et l’invariance des lois physiques face aux idéologies, croyances et dogmes.

Depuis le fameux rapport meadows, qui démontre, avec efficacité, que, dans un système de ressources finies, on ne peut vivre durablement sur un modèle de croissance exponentielle. Les dogmes de la croissance sont pourtant encore figures de pensée dominante.

Le jour du dépassement a été aussi une façon marquante de représenter notre impact sur Terre. Pour beaucoup, il n’est pas question d’erreur de modèle, simplement de variables d’ajustements. Mais le fait que le monde réel est modelé par les lois physiques, dont, celles qui permettent la vie, et celles qui permettent la transformation de fossiles en pétrole sur des échelles de temps géologiques, n’amène que faiblement une demande de changement de paradigme, à la hauteur des enjeux dont il est question.

Nous savions que c’est le pétrole qui a permis à nos sociétés de se développer aussi rapidement. Un liquide transportable qui permet un tel rendement au litre (moteurs thermiques, transports, usines). Le pétrole n’a pas été un choix idéologique, mais bien pragmatique. D’abord facile à extraire (au début), puis facile à transporter, on pouvait alors donner une dynamique des transports et des exploitations des machines, au-delà des sites mêmes d’extraction. De plus, le pouvoir calorifique du pétrole est particulièrement efficace.

Hors nous savons que nous sommes sur des stocks dont le rendement d’extraction baisse pic pétrolier. Les grandes années sont celles qui exploitent les accès faciles, puis on termine par les extractions les plus complexes et périlleuses. Hors si le coût d’extraction dépasse celui que l’on est prêt à investir pour exploiter le pétrole obtenu (non raffiné encore), nous n’irons pas chercher celui-ci, même si les stock restent encore important en sous-sol.

Le pétrole n’est pas en soi une représentation du mal, c’est son dosage et la place qui lui est faite qui détermine son impact sur le vivant, les actions géopolitiques, l’importance démesurée qu’il a conservé, ceci, au détriment de systèmes alternatifs, réduisant sa dépendance. L’attrait de la poule aux oeufs d’or a concentré les attentions sur cette ressource fossile pendant bien trop longtemps.

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Mais le manque d’enseignement scientifique facilite la croyance de l’abondance, la croissance exponentielle, que les phénomènes sont linéaires: mieux c’est forcément deux fois plus que bien, deux fois mieux alors… Les croyances anthropocentristes nous amènent à croire que nous sommes une espèce supérieure, que tout est permis, offert, mis à disposition pour notre seule soif de pouvoir jamais rassasiée…

Cependant, notre évolution est aussi directement liée à la métallurgie. Nous en arrivons aux technologies numériques qui utilisent une variété importante de minerais métalliques. Un ordiphone contient environ 40 métaux différents. Ce qu’il faut comprendre, c’est que quasiment tous nos produits contiennent des métaux: meubles, jouets, cosmétiques, vêtements, … Hormis les métaux visibles, nous vivons dans des sociétés de multiples métaux disséminés. Cette dissémination rend trop complexe, voire impossible, le recyclage.

L’extraction minière, ainsi que ses filières de raffinage, sont les plus polluantes au monde, et impossible à rendre sans impact majeur, en raison des solvant chimiques nécessaires pour l’extraction des métaux dont les minerais les composent à l’état naturel.

Et le numérique dans tout ça?

Les technologies numériques sont directement concernées par ces problématiques majeurs:

  • La loi de Moore, qui a prédit avec une certaine précision l’évolution des microprocesseurs, est arrivée à ses limites. En effet, la taille des transistors ne pouvant se miniaturiser de façon conitnue, en allant chatouiller l’échelle moléculaire ou atomique de la matière.
  • La technologie d’abstraction hyperviseur a permis une relance de pensée de la croissance infinie, en vantant l’intérêt immatériel du cloud!! Hors il s’agit seulement d’ordinateurs organisés en masse, de façon très dense, dans des salles gigantesques, mais c’est purement matériel. Cette perspective d’évolution sans fin est fondamentalement contraire aux ressources physiques disponibles sur terre, les projections exponentielles sont délirantes. L’hyperviseur est une abstraction qui fournit de l’efficacité d’utilisation sur des ordinateurs, une souplesse de gestion en dehors du 1:1 avec machine physique. La théorie permet donc de grandir de façon infinie….l’hôtel de Hilbert n’existe pas dans le monde réel…
  • L’électronique, demandée pour les produits, se compose toujours plus de minérais métalliques disséminés et toujours plus de métaux différents. Plus on en demande, plus on amplifie la pollution des sols de sites miniers, on impacte sèvèrement le vivant, les populations vivant autour des sites miniers, pressions géopolitiques, guerres, etc…
  • La conception des écrans tactiles, installés quasiment tout le temps, demande de fortes extractions+raffinage en Indium alors que nous n’avons pas besoin d’écrans tactiles partout.
  • Plus la micro-électronique est poussée, plus c’est difficile de réparer et recycler localement (savoir-faire).

Les contraintes à considérér sont:

  • Limites physiques: pas d’infini, pas d’exponentielle
  • Impact sur le vivant: pollution sur les sites miniers, raffineries, déchets
  • Réduction des échanges mondiaux: raréfaction du pétrole pas cher, donc diminution des transports
  • Valorisation des circuits locaux: réparation, recyclage
  • Limiter la pression de guerres en raison des ressources: demande sobriété sur usage des matières, abaissement de sa dépendance critique

Quelles peuvent être les orientations de sobriété…et pour quels bénéfices?

Dans un modèle d’organisation sociale qui tient compte des contraintes citées, on peut ainsi faire un usage parcimonieux des technologies. Une forme culturelle de sobriété permettrait de déterminer le besoin d’un outil, sans qu’il soit insufflé par une ligne marketing. Nous n’avons clairement pas besoin d’interfaces avec des écrans tactiles partout, pourtant c’est ce qui se développe le plus.

Pour lutter contre l’installation d’écrans qui polluent notre quotidien, il faut utiliser le tv-b-gone.

Le développement irrationnel des objets connectés est un exemple majeur de gaspillage. Alors qu’il existe des usages utiles, qui répondent à un besoin réel, constructif, le paradigme a souvent été de rajouter des capteurs, un mini système informatique avec connexion Internet, relié à une plateforme de service du constructeur, violant souvent, au passage la vie privée de l’utilisateur, et de très faible niveau de sécurité… De plus, la traçabilité est parfois bien faible, une société éditrice du software en Chine a disparu, plus personne à contacter en cas de problème. Il y a un manque de clarté légale des responsabilité dans la durée.

Un des problèmes complexes en informatique c’est le cycle de vie des systèmes/applications dans la durée. La solution facile est de rendre obsolète, sans maintenance, et on suppose que l’utilisateur aura jeté à la poubelle son appareil, pour en acheter un nouveau….mais sous quelle garantie?…On présuppose que l’on achète pour jeter ensuite…

La prolifération des objets connectés ne fait qu’accroître le nombre d’objets informatiques en circulation, dont le cycle de vie est complexe, c-à-d, souvent très mal géré par les constructeurs de ces objets, dont le but est acheter-jeter, livrant ainsi ces objets à de multiples attaques.

Que pourrait-il se passer?

  • Caméras intérieures
  • Avertisseur pour bébés
  • Sextoy connectés

Voici quelques exemples choisis d’objets connectés, demandez-vous quelle est la pertinence réelle:

A quoi sert un test de grossesse électronique? testpg Le principe du test est une réaction chimique qui détermine, via une couleur, le résultat. La réaction chimique et le support fournissent déjà le test et l’affichage du résultat. Une version électronique n’amène rien qu’un argument de vente supplémentaire. Voici un exemple d’un produit qui n’a pas sa raison d’être.

Une réflexion dans la sobriété permettrait ainsi de concevoir de façon minimaliste, mais adaptée, l’interface homme-machine, sans qu’une seule solution soit considérée comme valable pour tout.

Ainsi, on pourrait avoir recours à une électronique plus basique et durable, au sens où la réparation et le remplacement de composants serait bien plus aisé. Au final, on ferait renaître ces ateliers de réparation d’avant, tous comme ceux que l’on trouve dans les pays de la débrouille, où réparer au maximum est capital pour survivre. Ceci ramènerai à valoriser d’autant plus les hackerspaces et le matériel libre.

Ces dynamiques fédérantes de savoir-faire local, d’échanges, de partage, sont les prémisses d’une résilience plus que jamais nécessaire, dans l’expérience de nouveaux modes organisationnels et de communautés de vies.

Les communauté de hackerspaces dans le monde pourraient ainsi se développer de plus en plus, témoigner d’un retour à du savoir-faire local, et favoriser de nouvelles idées de projets par la même occasion. Projets libres, organisés entre communautés, sans que cela soit le fruit de quelques excités de la Silicon Valley, qui pensent pouvoir savoir pour tout le monde.

Dans un hackerspace, il est clairement question aussi de récupérer du matériel, de le détourner pour l’intégrer dans d’autres projets. Voilà donc une expertise vitale pour une sobriété nécessaire, un développement de circuit courts, de savoir-faire local.

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Cette dynamique permettrait de s’adapter à un monde bien plus contraint en ressources, limiter l’impact des pollutions, empêcher les fuites dans du gaspillage conçu pour être jeté et remplacé 6 mois après. Créer un context culturel entre technologies, savoir-faire, sobriété, ne peuvent que mener à une préparation des défis qui nous attendent….nous avons plus que jamais besoin de hackers et de hackerspaces.

Si vous vous demandez ce qu’est un hackerspace, allez voir la vidéo de Mitch Altman (en anglais).

A titre d’exemple, pendant le début sévère de diffusion du covid19, des hackerspaces se sont mobilisés dans le monde pour agir et fournir des solutions de résilience face a la pénurie d’équipements adaptés.

Et ce n’est qu’un petit aperçu de toutes les initiatives des hackerspaces. A savoir que le partage de connaissances est le facteur majeur, aussi, les multiples communautés dans le monde se fédèrent sur différents projets. Certains dérivent car les besoins contextuels sont différents, mais le sens du partage est le même. Il y a déjà multiples initiatives sur les questions de sobritété et d’impact de pollution au sein des communautés.

Dans les développements libres, il n’y a pas de volonté de développer des algorithmes sur la captation d’attention. Les applications dans le monde de Fediverse, ou un réseau social comme Secure Scuttlebutt, ne focalisent pas leur objectif sur l’appétance à rester connecté en permanence. La nature décentralisée suit donc les dynamiques des communautés locales, comme le feraient des groupes d’amis, ou d’une association. C’est un paradigme complètement différent d’une échelle globale. Les diversees interactions inter-groupes, inter-communautaires, évoluent ensuite de façon naturelle, selon les envies des discussions entre les utilisateurs. Il y a toujours le risque de l’enfermement communautaire, mais il n’est pas du tout encouragé. C’est l’ouverture et le partage qui rendent attrayantes ces applications. Sans pubilicité, ni but commercial. Ce modèle de développement favorise les communications réelles au détriment de la course à la popularité artificielle mondiale. Les protocoles décentralisés de communication favorisent aussi un usage rationnel des réseaux.

Si les gouvernants sont encore sourds aux multiples actions comme scientists rebellion, si les universités s’orientent encore beaucoup sur des projets techniques (ce n’est pas juste un problème d’ingénieur) plutôt qu’axiologiques, …alors dans nos communautés de hackers, cela est clairement autrement et souhaitons que de plus en plus de hackerspaces naissent, se développent et participent aux solutions de recherche: Hack the planet!